1er prix littéraire 2012

VOL INTERGALACTIQUE

1er prix 2012

- 1982, le  vol intergalactique « MARS 13005» partit mais ne revint jamais de  sa mission sur la planète  Terre.  

- 2012, Planète Mars, début mars…Une vision de notre éminent devin Spielberg nous a révélé qu’E.T., capitaine du vaisseau disparu, vivrait toujours, terré dans un endroit nommé Los Angeles.

 Mon nom est  EILLE, Mars  EILLE !

Élu par le grand Conseil, il me revint  de droit, l’honneur de partir à sa recherche…  J’étais  à peine entré dans l’atmosphère terrestre que mon engin spatial se disloqua dans une modeste marre ! Quelle poisse, j’étais perdu et je n’avais aucune idée de la distance qui séparait Estrangin,  le lieu où je m’étais visiblement fracassé, d’Hollywood,  l’endroit où je devais aller!  Heureusement, il faisait une nuit d’encre et je risquais peu d’être repéré avec ma tête de cake et mes doigts d’un mètre de long ! J’ai cavalé ensuite comme un fou jusqu’à un bassin remplit de coques brinquebalantes. Sur la place qui l’entourait, une inscription figurait sur une façade: « véritable Pastis de Marseille » Cette bâtisse d’angle en jouxtait une autre appelée « société marseillaise des eaux ». Il devait indubitablement y avoir  un lien entre les deux …  J’ai longé ensuite de longues barres métalliques parallèles ancrées dans une artère en me demandant ce qui  se tramait  en ces lieux ?  Exténué, je me suis réfugié  sous un abri de fortune. Mon Dieu qu’il semblait sympathique  cet Angelin, habitant de L.A. que je croyais qu’il était ! Il m’a recueilli, protégé, dorloté et  gentiment vêtu de la tête aux pieds d’une sorte de tunique  et de souliers aux bouts pointus… Un peu plus tard, le jour se fit et une multitude de terriens s’anima autour des tables aux odeurs fruitées et épicées…  Mon  plan fut cependant bouleversé et J’avais beau faire des efforts pour rester discret,  mes bras trop longs dépassèrent  de l’étal de mon  hôte qui,  seul, vendait des carcasses poisseuses  et malodorantes aux yeux vitreux. Quand un humain  me serra la pince en clamant qu’il en voulait  une demi-douzaine, j’appris à mes dépens que mon nom  de terrien était Langoustine   !  Apeuré, je me suis engouffré à l’intérieur d’une grotte.  Une pancarte au dessus indiquait RTM- Noailles. Je pensais qu’il s’agissait d’une gare cosmique, le panneau   « RTM » signifiant probablement « Road Terre Mars »…  Je devais être sur la bonne piste et je sus instinctivement qu’il me faudrait l’emprunter pour progresser... Ensuite, tout s’est enchaîné très vite, j’ai glissé sur  la première marche d’une rampe mécanique qui s’enfonçait au cœur de l’abîme.  En m’affalant au sol, mon bras toujours aussi long  gomma la coiffe d’un être  vêtu de bleu!  Je devais certainement avoir  rencontré un capitaine de vaisseau ! Une horde de ses clones me prît immédiatement en chasse en maugréant, sifflant, hurlant ! Afin d’échapper à la meute, J’ai sauté dans le premier engin qui se présenta.  L’appareil  semblait constitué de plusieurs tubes oblongs et à son bord, j’appris avec inquiétude  que j’étais en route vers la galaxie «  Sainte Marguerite Dromel ». Sauvé ? Pas si sûr ! J’étais en proie au scepticisme et au doute … Quel nom étrange ? Et puis, quel était le lien entre la cité des Anges et cette Sainte ?  Je compris seulement à la planète Castellane que le manque de clarté était dû à l’obscurité d’un tunnel et non à la noirceur de l’espace !  Les ersatz du capitaine de vaisseau me rattrapèrent et  me cueillirent avec une facilité déconcertante. L’un  d’eux me demanda dans un langage vert qui me ressemblait sur le strict plan de la couleur, si j’étais  Alien,  le roi des  mouligas ?  Heureusement, comme nous autres les extra-terrestres  nous apprenons très aisément, j’ai pu lui répondre avec assurance et délicatesse, ce que j’avais entendu le matin même de la bouche de mon sauveur à Noailles !

-          Maaaaa foi,  ça va ! ça va !

C’est ainsi que j’ai appris que l’on souhaitait la bienvenue sur terre en offrant un bracelet métallique aussi  joli que contraignant !

-          Toi être à MARTIEN me demanda-il ?

-          Toi comprendre ce que signifie le mot envahisseur  ???

-          Moi lui répondre : Ma foi, ça va !  ça va !

Comme je ne ressemblais à rien de comparable dans le secteur, des membres du  GEPAN , organisation secrète chargée des relations extérieures terrestres, me prirent en charge et me raccompagnèrent à Estrangin afin de déguerpir sans éveiller de craintes. Ma soucoupe qui avait pris la tasse... avait été remise à niveau. Elle était de nouveau fonctionnelle et avait été préalablement installée sur une rampe de lancement située rue de Paradis. A mon passage, certains passants se mirent à genoux en clamant : Seigneur, sauve nous ! Une nouvelle appellation à mon endroit qui rimait toutefois mieux que  « Langoustine sauve nous » ! Il paraîtrait d’après ces attachants autochtones, que la rue de Paradis est le chemin le plus sûr pour aller au ciel ? Ma foi !  Ces habitants ont de bien curieuses croyances !  Avant de disparaître, par le hublot, je reconnus mon sauveur de Noailles auquel je fis un signe d’adieu... Je compris vaguement ces quelques mots : Allah est grand ! Probablement un énième terme pour décrire ma corpulence excessive et inhabituelle !

Dans un brouhaha infernal, j’ai décollé ensuite en virant à 180°. Non loin de là, sur une colline environnante, une gigantesque femme drapée d’or présentait un enfant dans ses bras.  Ah, l’Amérique et  sa statue de la liberté… Je suis sur la bonne direction, pensais-je, rassuré !  

Depuis, j’ai retrouvé E.T. Il n’arrêtait pas de me dire : Moi rentrer maison ! Moi, rentrer maison ! Saoulé, gonflé, exaspéré par ce grand malade, en repartant  je l’ai déposé à la psychiatrie de la Conception !

Pour ce qui est de votre belle ville, n’allez surtout pas chercher son origine étymologique dans des racines  Phocéennes ou romaines  … C’est tout simplement  un illuminé qui en son temps et en prévision  de mon passage sur terre l’a appelée : EILLE, Mars…EILLE !

Quant à ce grand Couillon d’E.T. dont l’anatomie est particulièrement intéressante, peut être fuira-t-il un jour sa geôle capitonnée pour prendre la place de DAVID au Prado ?

Ma foi !!!

Patrick RAPP

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