1er prix littéraire 2011
Ces Marseillais venus d'ailleurs... Opus I
1er prix littéraire 2011
Voici quelques années, mon attention fût attirée par une aberration climatique d’ampleur exceptionnelle. Marseille qui était loin de mes préoccupations personnelles venait d’être ensevelie sous un épais manteau neigeux! Quelle franche rigolade pour le «Parisien » que j’étais alors, que de voir ses habitants se démener comme des pingouins maladroits! Je n’avais jamais vu ni de près ni de loin cette cité dite Phocéenne qui évoque à elle seule un passé lié à d’antiques conquérants ! J’étais donc méditatif face à cette improbable idée que de vivre un jour en son sein! Sein que je reconnais d’ailleurs aujourd’hui douillet protecteur et nourricier puisque j’y réside et que je commence à baragouiner quelques locutions locales salaces et colorées!!! A m’appliquer ainsi et dans le verbe et dans le geste, je pensais devenir naturellement l’un des vôtres mais non ! On me rappelle inlassablement que le Nordiste que je suis, ressemble plus à un Belge qu’à un méridional !
Avant ma migration, j’imaginais toutefois une ville gorgée de soleil, les pieds dans l’eau, riche d’un métissage pluriculturel, une ville peuplée de cigales chantantes, de filles charmantes au corps halé déambulant dans une avenue mondialement connue ! Mais l’image que je m’en faisais finalement, je ne la tenais qu’aux travers de médias ! Ah Marseille ! sa pomponette, son savon, son lac immobile, ses exagérations incontournables, ses sardines d’un mètre de long ! Son autochtone, chaussé d’une paire de mocassins, vêtu d’un pantalon blanc, d’une chemise ouverte sous un blazer bleu avec la chaîne en or qui dépasserait de son poitrail velu, la casquette de capitaine sur le chef, le tout arrimé à une paire de boules de pétanque ! Ah, L’image du marseillais lambda est à Marseille ce que la baguette et le béret était au français de 1950 ! C’est tenace et ça colle à la peau ! Notez quand même que par respect pour les femmes, j’ai préféré décrire un spécimen du genre masculin plutôt qu’une cagole!
C’est en 2010 que le démon de la cinquantaine et mon envie de tout bousculer me titilla... Ma vie amoureuse se lézarda misérablement et mon destin m’appela vers d’autres cieux plus au sud, là où mon cœur céda au charme d’une adorable créature : « Une Marseillaise » ! Et oui ! Le décor était planté. Romeo n’avait plus qu’à chanter la romance à sa Juliette… Pour autant, ce n’est pas l’hymne nationale que j’ai susurré à l’oreille de ma marseillaise…Quel incroyable choc que de rencontrer à la fois une ville et une femme toutes deux bien vivantes, bouillonnantes, joyeuses, lumineuses, intelligentes, belles et torrides !!! Ah ! Envoûtante Marseille que j’aime à comparer à cette femme généreuse …
Oh Massalia, cité conviviale où l’on noue aisément le contact… Terre d’asile agréablement située entre de belles montagnes et une mer si bleue… Monde de sensualité où le soleil tutoie avidement les corps … Ville méconnue où le pain parisien est devenu « restaurant »… Où les mouettes rieuses sont devenues gabians… Où les femmes au regard vert émeraude ont indubitablement caché leurs beaux yeux marron sous une paire de lentilles… Ville où les poubelles entassées me font lancer des propos orduriers… Où les marchés pittoresques me font voyager sans pour autant partir… Et Dieu qu’il est merveilleux son TGV libérateur qui m’extirpe de la grisaille parisienne à chacune de mes escapades… Ah que j’aurais aimé être un primate pour vivre dans la baie des singes qui est à mon sens la huitième merveille du monde … j’attire particulièrement votre attention tout sur le fait que la huitième merveille du monde ce n’est pas le singe mais la baie !!!
Patrick RAPP alias Patone
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